C’était enfin une arrivée qui pouvait être anonyme. Nous entendons bien que la plupart des voyageurs étaient attendus par des amis ou par des parents mais nous voulons dire que l’arrivant se sentait un voyageur parmi les autres. Il assumait cette qualité en descendant du train avec tous les autres hommes qui étaient des voyageurs, cernés, concernés par toute cette foule inconnue qui l’assaillait. Quant à l’homme que personne n’accompagnait, il jouissait d’une solitude dont il bénéficierait pendant son exploration de la ville. Ses pas, son visage, ses mains seront, dans la ville ceux d’un voyageur et non point ceux d’un homme qui promène tout simplement. Tant qu’il continuera à parcourir la ville avec sa petite valise à la main, il demeurera le voyageur disponible pour qui tout est possible. Le drame c’est qu’il faut l’abandonner, à un certain moment, et redevenir un homme comme les autres. Certains êtres hors du commun la conservent plus longuement, la transportent d’hôtel en hôtel. Elle devient l’objet essentiel devant lequel s’effacent le lit, la salle de restaurant, les rues. Elle se donne comme l’équivalent antithétique de l’armoire monumentale de la demeure paysanne.
martes, 6 de noviembre de 2007
"Poétique de ville", Pierre Sansot
Le voyageur sans visage
Suscribirse a:
Enviar comentarios (Atom)
No hay comentarios:
Publicar un comentario